La musique qui fait vibrer le Bas-Saint-Laurent
28 mars 2023
Les panoramas agricoles tout en beauté et les couchers de soleil à couper le souffle du Bas-Saint-Laurent sont source d’inspiration pour bien des créateurs et créatrices. Ici, la musique et la chanson accompagnent harmonieusement le bruit des vagues et la brise des berges du fleuve Saint-Laurent. Des artistes et responsables d’organismes nous expliquent ce qui fait du Bas-Saint-Laurent une région de choix pour la création et la diffusion artistiques.
Adopter sa région
Au-delà de l’amour du Bas-Saint-Laurent et de sa nature, la vitalité du milieu culturel bas-laurentien est certainement une des raisons incitant les créateurs et créatrices à s’y enraciner. C’est le cas de Tom Jacques Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, qui multiplie des projets innovants et audacieux, contribuant à son tour au dynamisme artistique.
« La communauté artistique et de musique expérimentale présente à Rimouski et le soutien des divers organismes artistiques régionaux font également partie des raisons qui m’ont encouragé et m’encouragent à rester au Bas-Saint-Laurent. Il fallait cependant des convictions pour rester ici quand la majorité de mes collègues étudiantes et étudiants partaient pour les grands centres », explique le musicien et artiste sonore.
Depuis 2014, Tom a reçu plusieurs bourses du Conseil des arts et des lettres (CALQ) pour la réalisation de projets solos et en partenariat avec d’autres artistes et organismes. « Sans financement, rien n’aurait pu être possible. D’une part, car mes projets requièrent beaucoup de recherche et de développement, d’autre part, car je considère que la création est un métier et que je dois absolument rémunérer mes collaborateurs et collaboratrices raisonnablement », ajoute celui qui a remporté le Prix du CALQ – Artiste de l’année au Bas-Saint-Laurent en 2021.
C’est aussi cette énergie qui a attiré la musicienne d’origine montréalaise Patricia Ho-Yi Wang Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, arrivée en 2020.
« Je suis attachée à cette communauté d’artistes du Bas-Saint-Laurent dont les noms et la présence reviennent périodiquement. Par le nombre plus restreint de membres dans la communauté artistique, cette dernière est plus accessible et plus familière. J’adore ce sentiment de connaître de plus près les artistes de la région ».
Patricia a plus d’une corde à son arc et affectionne particulièrement la musique traditionnelle, le violon, le chant et la podorythmie, une technique consistant à produire un son en tapant ses pieds contre le sol ou contre une planche. Elle a joint son nom à d’autres talents locaux, notamment au sein du projet féministe de chanson traditionnelle Germaine et du Trio Salicorne.
« J’étais auparavant une interprète à contrat, et l’aide financière du CALQ m’a permis de me réinventer et de devenir une créatrice et une compositrice, de mener mes propres projets. Les bourses m’ont permis de réellement développer ma propre pratique artistique, de présenter une partie de moi-même en musique », explique-t-elle.
La région a aussi adopté le musicien et artiste audiovisuel Vincent Fillion, boursier du CALQ dans le programme de partenariat territorial pour la composition, l’enregistrement et la production de l’album Possibles, premier album de son duo avec Maude-Éloïse Brault.
« Le Bas-Saint-Laurent est tombé sur moi par pur hasard, mais j’ai choisi d’y rester parce que je m’y suis senti bien. Mes connaissances acquises ailleurs ont rapidement été en mesure d’être valorisées, ce qui m’a permis de travailler dans mon domaine et de développer divers projets artistiques. Par-dessus tout, c’est l’ambiance, le rythme de vie et les personnes qui me stimulent créativement et me poussent à continuer », affirme celui qui a élu domicile à Saint-Pascal.
Place à la relève
Ici, les artistes de la relève disposent de plusieurs outils pour les accompagner dans la progression de leur carrière. Des espaces de répétition ou d’enregistrement aux organismes offrant soutien et visibilité, les jeunes du Bas-Saint-Laurent sont bien encadrés.
Pierre-Olivier Thériault a pu profiter de cet écosystème lors de l’enregistrement du premier album de son groupe louperivois Collation Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, qu’il forme avec Philippe Boucher et Allen Malenfant. Boursier au Programme de partenariat territorial du Bas-Saint-LaurentCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre du CALQ, le guitariste et ses complices ont aussi profité d’un espace d’enregistrement et de l’aide au développement de l’album par le biais de ressources locales.
« Ce soutien nous a permis de bénéficier de plusieurs accommodations que nous ne nous serions pas offertes si nous n’avions pas eu ces fonds. Nous avons pu enregistrer la grande majorité de notre album au Studio Desjardins du Camp musical Saint-Alexandre en plus de bénéficier de l’aide de l’organisme Le Sonar dans différentes sphères du développement de notre album. C’est ce qui nous a permis de réaliser un album qui représente bien notre son, sans faire de compromis ».
Des ressources pour les artistes
C’est d’ailleurs au Camp musical Saint-Alexandre Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre que les artistes, locaux ou pas, peuvent obtenir les services et l’environnement propices à la création. L’organisme dispose d’une résidence pour leurs enregistrements et les lieux sont aménagés pour la composition de nouveau matériel, les arrangements ou les répétitions. Cette résidence a également des impacts dans la communauté locale.
« Au-delà des possibilités d’accueil du camp musical, l’apport financier du CALQ nous permet d’entretenir et de nourrir un réseau autour de l’organisme. Par exemple, une musicienne de Rimouski y a pu enregistré une maquette en plus de présenter une activité de médiation culturelle dans les écoles du Kamouraska. En plus de générer des projets artistiques porteurs, le camp musical Saint-Alexandre maintient sa position de catalyseur de création pour la région », explique Philippe Venne, responsable du développement et de la coordination des résidences artistiques au camp.
« Les occasions de se manifester et de travailler sont plus rares que dans les grands centres urbains. Il est donc primordial de multiplier les actions pour maintenir une vitalité artistique régionale. Les programmes permettent notamment d’appuyer plusieurs démarches et projets artistiques originaux qui n’auraient pas accès à de ressources suffisantes dans leur milieu », soutient-il.
Autre bénéficiaire des ententes territoriales, les Concerts aux Îles du Bic Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, organisme implanté dans la région depuis une vingtaine d’années et dont le festival de musique de chambre est maintenant connu au-delà des frontières du Bas-Saint-Laurent. Le partenariat territorial lui a permis dès 2021 de développer des projets de mini-tournées avec des artistes allant à la rencontre des communautés.
« Que ce soit avec les Quatre saisons en fleurs en 2021 ou Promenons-nous dans les bois en 2022, nous avons créé et animé des scènes extérieures de Cacouna à Grand-Métis en passant par Rimouski et Saint-Valérien. Nous avons ainsi découvert ou redécouvert des lieux inspirants dont recèle à profusion le Bas-Saint-Laurent » affirme Sébastien Côté, directeur administratif. Le CALQ a eu un effet de levier. Les mini tournées ont convaincu Hydro-Québec, Desjardins et le Music Performance Trust Fund de New York d’embarquer. Ces partenariats favorisent l’accessibilité des arts au Bas-Saint-Laurent », ajoute-t-il.
Un accès à la culture décuplé
Terreau fertile pour la création, le Bas-Saint-Laurent a également une offre culturelle foisonnante, notamment grâce au Réseau des Organisateurs de Spectacles de l’Est du Québec (ROSEQ Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre) qui favorise l’accueil et la circulation de spectacles professionnels.
« La région est un lieu d’expression culturelle riche depuis des dizaines d’années. On se souvient de l’avènement des boîtes à chanson et plus tard de l’implantation de plusieurs lieux de diffusion partout sur le territoire. À eux seuls, les diffuseurs membres du ROSEQ déploient plus de 300 initiatives de diffusion de spectacles annuellement au Bas-Saint-Laurent », explique son directeur général Frédéric Lagacé.
L’événement phare du ROSEQ, la Rencontre d’automne, mène souvent à des échanges et des partenariats en vue de la présentation d’œuvres partout sur le territoire desservi.
« L’aide du CALQ contribue à la qualité et au rayonnement de cet important événement professionnel dans l’est du Québec qui rassemble pas moins de 400 personnes annuellement ».
Un soutien pour le milieu
Culture Bas-Saint-Laurent Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre est aussi un appui majeur au milieu avec son offre d’accompagnement, de formation, de promotion, de veille, de concertation et de représentation pour le rayonnement de la culture bas-laurentienne.
Des artistes tels que Victor-Lévy Beaulieu (littérature, Trois-Pistoles), Soraïda Caron (danse, Trois-Pistoles), Marie-Hélène Voyer (littérature, Rimouski) ou Hugo Latulippe (cinéma, Cacouna), et des organismes comme le CLAC Mitis (littérature, Mont-Joli), le Théâtre du Bic (théâtre, Rimouski), Vrille art actuel (arts visuels, La Pocatière), le Centre d’art de Kamouraska (arts visuels, Kamouraska) ou l’Espace F (arts visuels, Matane), contribuent aussi à la qualité de l’offre culturelle locale et font du Bas-Saint-Laurent un endroit où il fait bon créer.
Le Conseil des arts et des lettres du Québec est fier d’investir dans l’imaginaire des artistes, des travailleuses et travailleurs culturels qui enrichissent le Bas-Saint-Laurent. En 2021-2022, le CALQ a soutenu 27 organismes ainsi que 41 projets d’artistes individuels avec presque quatre millions de dollars. Cette aide financière inclut l’entente de partenariat territorial du Bas-Saint-Laurent, qui a favorisé la réalisation de 22 projets artistiques locaux. Le développement des arts en région est une des priorités du CALQ qui continuera d’apporter son aide aux artistes et organismes dont les œuvres inspirantes font rayonner la culture québécoise.