Pour que la relève prenne son envol
28 octobre 2023
Le gala de l’ADISQ aura lieu le dimanche 5 novembre prochain et son premier gala le précédera le mercredi 1er. Nombre d’auteurs-compositeurs-interprètes ayant bénéficié du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) sont cette année encore en nomination à l’un de ces deux événements, qui visent à récompenser le travail des artisans de la musique québécoise.
Chaque année, parmi les nombreux nommés à l’ADISQ se trouvent des artistes ayant reçu du CALQ une bourse destinée à les soutenir pendant l’écriture de leurs chansons, la création de leur spectacle ou pour effectuer de la recherche musicale. En 2023, ce sont plus de la moitié des artistes nommés au premier gala du 1er novembre qui ont pu obtenir cette aide à un moment ou un autre de leur carrière.
Parmi eux, plusieurs artistes de la relève dont la rappeuse Julie Gagnon, connue sous le nom de Calamine. Celle-ci affirme que le CALQ lui permet de rester indépendante. « On m’a offert des contrats de maison de disques. C’est sûr que c’est alléchant, mais ça vient avec beaucoup de compromis, de docilité, estime celle qui est en nomination pour l’Album de l’année – Rap, et pour la Révélation de l’année. Le CALQ me permet de produire l’œuvre dont j’ai envie sans faire ces compromis. »
Diogo Ramos, quant à lui, n’hésite pas à dire que l’appui du CALQ a été « immense ». L’auteur-compositeur-interprète originaire du Brésil a ainsi pu voyager partout sur la planète en tournée grâce à cette aide financière. « Je trouve ça incroyable, autant pour la diversité que pour la musique francophone », souligne celui qui est nommé à l’ADISQ dans la catégorie Album de l’année – Musiques du monde, pour son opus Cabaça. Le CALQ soutient des projets d’artistes québécois, peu importe qu’ils écrivent dans la langue de Molière ou dans une autre.
Se concentrer sur la création
Cette année, le CALQ a octroyé 238 bourses en musique pour un montant moyen de 11 800 $, et 193 bourses en chanson, pour une somme moyenne de 18 000 $. Ce soutien vise à financer en grande majorité la création de chansons, allant de la recherche à l’écriture des paroles en passant par la composition.
« Tu n’as pas besoin d’aller faire ton 9 à 5 et, le soir, quand tu arrives brûlée chez toi, d’essayer de composer quelque chose. Ça permet d’avoir des journées entières consacrées à ton art », souligne Raphaëlle Chouinard, chanteuse et guitariste du groupe punk rock Les Shirley. La formation musicale est en nomination pour la Réalisation de disque de l’année et l’Album de l’année – Anglophone.
Diogo Ramos, lui aussi, dit avoir pu se concentrer sur sa recherche et sa création sans devoir se soucier de comment il subviendrait aux besoins de sa famille. « J’ai des enfants à nourrir. Je ne peux pas innover si je dois travailler en dehors de mon métier. Donc, durant quelques mois, j’ai pu m’accorder une rémunération », dit celui qui a revisité des chansons du répertoire québécois avec des rythmes brésiliens.
À Tom Chicoine, la bourse a donné le temps de se plonger dans l’univers des camionneurs durant la conception de son album Moteur super sport. Celui qui est en nomination pour la première fois à l’ADISQ dans la catégorie Album de l’année – Country a ainsi pu passer des journées à regarder des documentaires sur le sujet pour effectuer ses recherches. « Ça te permet de vraiment pousser la chose et de travailler dessus pendant des semaines. J’ai même demandé à des amis camionneurs de les accompagner durant une journée, se souvient-il. Écrire des chansons le soir et la fin de semaine, c’est un peu complexe. À certains moments, tu as besoin de te déplacer pour t’inspirer. »
La rappeuse Calamine abonde en ce sens. Avant la pandémie, elle occupait un poste de serveuse pour boucler ses dépenses. « C’est dur d’arriver le soir et de faire des albums. Le CALQ m’a permis d’avoir un second souffle et de prendre le temps de faire de la musique », se souvient-elle.
Engagé à soutenir les artistes de la relève, le CALQ a de fait financé 14 des 22 artistes ayant reçu une toute première nomination cette année au gala de l’ADISQ. Tom Chicoine accueille d’ailleurs cet honneur avec émotion « Je suis très touché. Je suis sélectionné dans une catégorie qui me tient vraiment à cœur. La musique country au Québec, c’est là où je peux m’exprimer le plus et proposer des images qui me ressemblent », dit-il.
Aller plus loin
Les bourses du CALQ ont aussi permis à plusieurs artistes de développer leur créativité. Pour Les Shirley, ce soutien financier a non seulement servi à leur verser des salaires, mais également à embaucher la coréalisatrice qu’elles voulaient pour leur album. « On s’est payé trois semaines de studio, c’est quand même un luxe », se réjouit-elle. Cette période de création a donné naissance à deux chansons supplémentaires qui n’auraient pas pu voir le jour. « C’est très rare que ça se produise en studio. D’habitude, on arrive avec toutes les maquettes déjà faites étant donné que ça coûte très cher. Ça nous a permis de faire bien des choses », souligne-t-elle.
Pour son album Lesbienne woke sur l’autotune, Calamine a pour sa part pu passer plusieurs jours dans un chalet afin de peaufiner ses morceaux. « On a pris une semaine pour monter les chansons, jammer et composer », se souvient-elle. La bourse du CALQ lui a aussi donné l’occasion d’embaucher une percussionniste et d’emprunter des instruments. « On a loué un vibraphone. On a eu le temps de s’amuser et de ne pas être pressés », dit-elle.
C’est également ce qu’ont fait Les Shirley, en s’octroyant une retraite d’écriture en pleine nature. « Ça nous a permis de décrocher, de sortir de la ville et d’aller composer durant deux semaines. Ça fait toute la différence », souligne Raphaëlle Chouinard.
Celle qui a enregistré des morceaux avec plusieurs artistes invités a aussi pu les rémunérer convenablement. « Parfois, on se paie en redevances. Mais je trouve ça important de rétribuer les personnes qui viennent collaborer sur l’album. Ça donne l’occasion d’être plus professionnels », croit-elle.
Selon Diogo Ramos, ce financement aux artistes démontre la volonté de la société québécoise à s’ouvrir sur la culture et sur le monde. « Mais pour moi, faire partie de cette société et avoir ces appuis du CALQ, c’est un privilège qui amène aussi de grandes responsabilités », conclut-il.
Le Conseil des arts et des lettres du Québec invite les artistes à compléter la section Retombées via Mon Dossier CALQ Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre à la conclusion de chacun de leurs projets.
Cette section permet au Conseil d’être mieux informé des retombées des projets artistiques soutenus et de mettre en valeur les accomplissements qui en ont découlé.
*Ce texte a été publié originellement sur le site du journal Le Devoir. Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre