Michel Rabagliati
Avec une série de romans graphiques traduits en six langues et vendus à plus de 250 000 exemplaires, Michel Rabagliati est devenu une figure majeure de la bande dessinée québécoise et l'a propulsée internationalement. Il a décroché plusieurs prix prestigieux, dont celui du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, fief des auteurs franco-belges qui l'ont inspiré. Son Tintin à lui s'appelle Paul. Un héros dont l’unique super-pouvoir est de nous émouvoir par sa candeur et sa gentillesse, et dont les aventures sont les histoires d'apprentissage que nous vivons tous : premier mentor, premier amour, premier boulot, premier appartement, enfants qui grandissent et parents qui meurent. L'attachement à l’œuvre de Rabagliati se nourrit de cette familiarité universelle, du mélange de tendresse et d'humour faisant naître l’émotion au détour de chaque page. Et sur l’admiration qu’inspire sa manière d'illustrer le silence aussi bien que l'enchevêtrement des conversations, ou les allers-retours dans l'espace et temps.
Paul a grandi à Rosemont mais il est sorti d'une chanson de Félix Leclerc : il a adopté le p'tit bonheur et va à l'essentiel. Sa vie se déroule d’une case à l’autre, tracée à coups de lignes nettes et en noir et blanc, couleurs des souvenirs et de la nostalgie. Les autres couleurs, l'auteur en use avec modération, pour éviter qu'elles gagnent du terrain sur l'histoire qu'il raconte. Il les réserve aux grandes occasions – comme le 15e anniversaire de sa série, ou le 375e anniversaire de Montréal. Cet été, Paul se déploiera en format géant dans la métropole, ajoutant la déclaration d'amour de son auteur à la ville qui l'a vu naître et grandir.
Texte lu le 29 mai 2017, lors de la remise des insignes de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, au Centre PHI, à Montréal. Organisée par le Conseil des arts et des lettres du Québec, la cérémonie était animée par Claude Deschênes.
Le Conseil remercie son partenaire Hydro-Québec.