Accompagner les artistes émergents
1er juin 2024
Le rayonnement culturel d’un territoire passe, pour se maintenir, par sa capacité à accompagner les artistes en début de parcours. Au Québec, où l’abondance de l’offre culturelle met ces derniers sous tension, l’accès aux mécanismes d’aide est une aubaine qui peut changer beaucoup de choses dans le développement des carrières.
« Je ne sais pas exactement ce qui a fait que ce livre a touché autant de monde, qu’il a dépassé les langues et les frontières, mais je l’accueille comme un cadeau incroyable. »
Pour Éric Chacour Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, auteur du roman multiprimé Ce que je sais de toiCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, le succès de son livre tient du conte de fées. Il n’espérait pourtant pas partager avec plus de « deux cousines et trois amis » cette histoire d’amour contrariée qui suit le parcours d’un jeune médecin entre Le Caire et Montréal à la fin du XXe siècle. Son manuscrit aura finalement été accepté par le premier éditeur à qui il l’a envoyé, les éditions Alto.
Depuis la sortie du livre début 2023, tout s’est enchaîné : une traduction en cours dans une douzaine de langues et plusieurs prix prestigieux, notamment en France, où Éric Chacour s’est vu décerner le Femina des lycéens et, tout récemment, le Prix des libraires Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.
Au Québec, il recevait, au mois d’avril, le Prix du CALQ – Œuvre de la relève à Montréal Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. La récompense, créée en 2016 pour favoriser la reconnaissance et la carrière d’artistes en début de parcours, était revenue en 2019 à nul autre que l’écrivain Kevin Lambert, dont la carrière a, depuis, connu un essor phénoménal Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.
« Parce qu’il a été gagné par des gens que j’admire, ce prix a une valeur toute particulière à mes yeux », souligne Éric Chacour qui, au-delà de la visibilité que cette récompense lui a apportée, se dit reconnaissant pour les bourses de déplacement qu’il a pu obtenir auprès de l’organisme.
Un coup de pouce à la promotion qui a, selon lui, énormément compté dans le rayonnement du livre à l’étranger. Notamment en France, où l’écrivain a réalisé une tournée hivernale de trois semaines pour aller à la rencontre des libraires et lecteurs du pays. « Cette relation qui a été nouée avec les libraires de France et qui m’a parfois ému aux larmes n’a été possible que parce que j’ai pu me déplacer, et ce, en partie grâce au soutien du CALQ. »
Du soutien institutionnel pour la relève
Le CALQ est l’un des organismes publics qui proposent des mécanismes de soutien aux artistes émergents, aux côtés notamment du Conseil des arts de Montréal Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre) ou, au fédéral, du Conseil des arts du Canada Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.
Les programmes de soutien du CALQ comprennent des partenariats avec Québec, Montréal et une constellation d’acteurs régionaux pour un investissement total de l’organisme qui s’élevait à 185 millions de dollars pour l’exercice 2022-2023. De cette somme, une partie est destinée aux artistes de la relève, notamment ceux souhaitant obtenir une première bourse du CALQ.
C’est en 2014 que la réalisatrice et scénariste Ariane Louis-Seize Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre se rappelle avoir obtenu sa première aide de l’organisme afin de mettre sur les rails son premier court métrage, La peau sauvage Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. Lauréate du grand prix Cours écrire ton court de la SODEC pour le scénario de ce film en 2016, la cinéaste a fait du chemin depuis : huit courts métrages réalisés ainsi que Vampire humaniste cherche suicidaire consentant Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, son premier long métrage sorti en septembre 2023.
Cette comédie noire mêlant récit fantastique et initiatique a, depuis son lancement, séduit au-delà du Québec : le film a notamment reçu le prix de la meilleure réalisation de la section Venice Days de la Mostra de Venise Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, le grand prix de la compétition nationale du Festival du Nouveau cinéma Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre et était en compétition dans 12 catégories à la fin du mois de mai aux prix Écrans canadiens Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.
Jointe par téléphone, Ariane Louis-Seize se rappelle que les choses ont « déboulé » pour elle à sa sortie du centre de formation professionnelle en audiovisuel INIS en 2013.
« Je m’étais donné trois ans pour essayer de vivre de mon art, puis j’ai fait Cours écrire ton court. Sans ce concours, je ne sais pas ce que serait ma carrière. Ça a vraiment été pour moi une bougie d’allumage, qui m’a tout de suite ouvert la porte des institutions. »
Si la cinéaste dit avoir pu obtenir du financement institutionnel pour presque tous ses films, l’exercice n’a pas été une promenade de santé. Elle relève que, pour chacun des courts métrages qu’elle a réalisés, elle a obtenu un premier refus avant d’obtenir une bourse. « C’est assez laborieux ces demandes, parce qu’il faut être capable de mettre des mots sur notre vision, sur l’essence du projet. Pour moi qui suis une créatrice assez instinctive, ça ne sort pas du premier coup. »
Une course à obstacles qu’elle a appris à intégrer à sa création de projet : « c’est là que je me surprends à trouver de nouvelles façons de raconter, à préciser ma vision, ce qui la rend plus facile à partager avec mes collaborateurs par la suite », confie la réalisatrice, soulignant la nature collective des oeuvres cinématographiques.
Elle invite donc les artistes de la relève à la persévérance, mais aussi à rechercher les solutions de rechange qui peuvent leur permettre de réaliser des projets avec peu de moyens afin de se faire la main dans l’attente de subventions. Ariane Louis-Seize partage avec Éric Chacour l’impression d’évoluer dans un écosystème culturel, certes compétitif, mais qui ne manque pas d’occasions pour les artistes émergents.
*Cet article, rédigé par Perrine Larsimont, est paru dans le journal Le Devoir le 1er juin 2024, dans le cahier spécial Art et culture au Québec, 30 ans de soutien et d’effervescence Ce lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.
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