René Derouin
Cinq cents ans après que Christophe Colomb ait découvert l'Amérique, René Derouin cherche encore l'américanité. Depuis plus d'un demi-siècle, cet artiste multidisciplinaire et migrateur arpente mémoires et territoires, du Grand Nord au Mexique, tenaillé par la quête identitaire. Curieux et respectueux des cultures qui ont précédé et côtoient la nôtre, il a établi un dialogue nord-sud à coups d’œuvres sublimes dans lesquelles se répondent techniques traditionnelles et pratiques actuelles. Dessins, gravures, sculptures, céramiques, bois reliefs, bronzes, murales et installations attestent la vigueur d'une création en perpétuel renouvellement, fortement inspirée par la nature.
En 1994, René Derouin posait un geste retentissant en larguant dans le fleuve Saint-Laurent la quasi totalité des 20 000 pièces de céramique de son projet Migrations. Une déclaration d'amour à la vie, qui exige la mutation de la matière. L'année suivante, il fondait dans les Laurentides un laboratoire de création doublé d'un lieu d’exposition en plein air. C'est de Val-David que prendra son envol un projet monumental, à la mesure de l'engagement humanitaire de son auteur. Ripostant à la menace de voir l'Amérique coupée en deux par la bêtise, celui qui vient d'être nommé Artiste pour la paix s'en va-t-en guerre avec Le Mur des rapaces.
Texte lu le 29 mai 2017, lors de la remise des insignes de l’Ordre des arts et des lettres du Québec, au Centre PHI, à Montréal. Organisée par le Conseil des arts et des lettres du Québec, la cérémonie était animée par Claude Deschênes.
Le Conseil remercie son partenaire Hydro-Québec.