Florent Vollant et les arts autochtones
Auteur, compositeur, interprète, animateur, gérant d’artistes, producteur, organisateur d’événements et bâtisseur de studio, Florent Vollant a donné une voix, de l’espoir et de la fierté aux jeunes Autochtones. Le duo Kashtin qu’il a formé avec Claude McKenzie a marqué l’histoire de la chanson au Québec et fait rayonner internationalement la langue innue et des traditions aussi riches que méconnues.
Par sa créativité, sa détermination et son engagement, Florent Vollant s’est affirmé comme un artisan de l’espoir et de la réconciliation. Ardent défenseur de sa culture et de la nature, qui sont pour lui indissociables, il a reçu le titre d’Artiste pour la Paix en 1994 et la Médaille d’or du Lieutenant-gouverneur du Québec en 2018.
Auteur de cinq albums, Florent Vollant a aussi composé des musiques de films et narré en innu l’opéra Chaakapesh : Le périple du fripon, présenté par l’Orchestre symphonique de Montréal jusqu’au Grand Nord.
En 1997, le musicien a ouvert sur la Côte-Nord un studio professionnel doublé d’un centre de formation où plusieurs artistes ont enregistré, dont Samian, Marc Déry, Zachary Richard, Bryan André et David Hart.
Découvrir l’œuvre
Le chant traditionnel innu est spirituel et prend naissance dans le rêve. Avec l'album Nipaiamianan, Florent Vollant a concrétisé ce rêve. Au fil de 11 pistes, des chants spirituels innus côtoient des traductions de classiques de Noël, transposés dans la réalité autochtone. Vollant est parfois accompagné par Zachary Richard, Richard Séguin, Luce Dufault, Ray Bonneville, Lucien Gabriel Jourdain et Réjean Bouchard.
Enregistré en 1999 et réédité en 2014, Nipaiamianan a valu à son auteur un prix Juno et une bénédiction apostolique du pape Jean Paul II.
Pour sa contribution culturelle exceptionnelle, Florent Vollant a été nommé Compagnon des arts et des lettres du Québec, un honneur qu’il partage par ailleurs avec d'autres grandes figures autochtones fortes, comme Joséphine Bacon, André Dudemaine, Mattiusi Iyaituk, Rita Letendre, Nadia Myre, Alanis Obomsawin et Yves Sioui Durand.
Quelques voix autochtones
Les artistes autochtones mènent souvent une démarche pluridisciplinaire et conjuguent production artistique et militantisme, employant l’art comme vecteur de transmission culturelle, linguistique et historique.
Pionnière en la matière, l’artiste abénaquise Alanis Obomsawin est à la fois cinéaste documentariste, écrivaine, chanteuse, performeuse, musicienne, conteuse et artiste en arts visuels. Renommée internationalement, elle a été immortalisée sur une murale signée Meky Ottawa en novembre 2018.
Les mains du sculpteur Inuit Mattiusi Iyaituk traduisent ce que la pierre lui raconte. Passant du figuratif à l’abstrait, il s’est démarqué par sa maîtrise des techniques ancestrales et sa faculté d’innover sans trahir la tradition. Ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées du monde et il a donné des classes de maître en Sibérie, en Chine, aux États-Unis et en France.
Oscillant entre la sculpture, le textile et la peinture, la pratique de Niap Saunders fusionne l’art traditionnel inuit et la modernité en abordant les thèmes associés à son héritage ancestral avec des stratégies artistiques propres à l’art contemporain afin d’assurer son renouvellement. Exposée à la galerie OBORO, son installation Katajjausivallaat, le rythme bercé, a été acquise par le Musée des beaux-arts de Montréal.
En 2017, Mattiusi Ayaituk, Qumaq Mangiuk et Niap (Nancy) Saunders étaient par ailleurs accueillis à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris pour partager leur expérience.
L’Abénakise Rita Letendre a cherché en autodidacte les vibrations chromatiques, les fulgurances et l’harmonie qui imprègnent ses tableaux, dont un important corpus se trouve au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ).
Originaire de Wendake, près de Québec, Ludovic Boney déploie son imagination dans des œuvres d’art public imposantes, poétiques et souvent immersives comme Une cosmologie sans genèse, installée en permanence au MNBAQ, et qui orne la couverture de la Politique culturelle du Québec.
Originaire de Kahnawake, Walter Scott exprime son talent de façon innovante à travers la bande dessinée, l’écriture, la performance et la sculpture. Sa bande dessinée Wendy remporte un succès planétaire en librairie et sur le Web.
Poète, enseignante, traductrice, parolière, conteuse et documentariste, Joséphine Bacon mène en douceur une lutte contre l’oubli et la disparition d’une langue, des traditions et d’une culture. Écrits en innu et transposés en français, ses poèmes imprégnés d’amour et de respect pour la nature et les ancêtres ont ouvert le chemin à une relève de plus en plus nombreuse à faire entendre la voix des Premières Nations.
Poète, comédienne, artiste en arts visuels et militante pour l’environnement et les droits des Autochtones, l’Innue Natasha Kanapé Fontaine incarne par son action et son œuvre un message d’espoir et de dialogue, de réconciliation, d’échange entre les peuples et de guérison. Elle siège au C.A. du Conseil des arts et des lettres du Québec depuis 2018.
Né de mère innue en territoire algonquin, André Dudemaine livre un combat passionné pour la résurgence culturelle des Premiers Peuples, armé de sa plume, de sa parole et de sa caméra. Il estime que la création est le plus important outil d’affirmation identitaire et que l’avenir dépend de son rayonnement.
En mai 2019, André Dudemaine livrait un vibrant discours après avoir été décoré de l'Ordre des arts et des lettres du Québec.
Auteure-compositrice-interprète, chanteuse et réalisatrice, Elisapie Isaac a mûri son œuvre poétique, introspective et substantielle en duo (Taima) puis seule, puisant son inspiration aux sources folk et inuite qui lient son passé et son présent.
C’est sur scène que l’acteur, dramaturge et metteur en scène huron-wendat Yves Sioui Durand « marche dans ses rêves », poursuivant inlassablement sa quête d’un théâtre proprement amérindien, enraciné dans les mythes et l’histoire mais tourné vers l’avenir. Son œuvre est un vibrant plaidoyer pour une reconstruction culturelle amérindienne par l’art.
Acteur et metteur en scène huron-wendat, Charles Bender est l’auteur de Muliats et le traducteur de Là où le sang se mêle, de Kevin Loring, une histoire de deuil, de résilience et de rédemption qui a captivé les spectateurs autochtones et allochtones partout sur son passage.
Des outils pour soutenir la création autochtone
Fruit d’une étroite collaboration entre le Conseil des arts et des lettres du Québec et le milieu des arts autochtones, le programme Re-Connaître a été mis sur pied en août 2018. Ouvert, inclusif, flexible et adapté aux besoins et aux réalités des cultures autochtones ainsi qu’aux spécificités de leurs modes de création et de diffusion, c’est un outil pour soutenir les démarches de réappropriation, de reconstruction et de développement. Le Conseil s’est aussi engagé dans des partenariats inédits avec des musées pour soutenir la création autochtone et son rayonnement.
25 ans du Conseil des arts et des lettres du Québec
Cet article s’inscrit dans une série d'histoires consacrées aux imaginaires et aux œuvres ayant reçu l’appui du Conseil des arts et des lettres du Québec depuis 1994.
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